Le conflit en Irak qui touche à sa fin aura été à l'origine d'une volatilité considérable des marchés financiers. Il aura affecté le sentiment économique de manière très prononcée. Si ces conditions rendent l'élaboration de prévisions délicate, il convient de se concentrer à nouveau sur les fondamentaux. Il semble peu probable que la machine économique sorte indemne de plusieurs mois d'incertitude et d'attentisme. Cette attente prolongée qui a précédé le conflit a eu un effet dévastateur sur la confiance des ménages et des entreprises dans la plupart des grands pays, et il est fort probable que cette dernière continue à se dégrader.

La publication d'un nouvel ensemble de prévisions économiques n'a rien laissé entrevoir de positif. Preuve en est, les organismes internationaux révisent à la baisse de manière significative leurs anticipations de croissance de PIB pour la zone euro cette année. Selon les analystes, la situation est désormais très claire; le principal espoir de reprise repose sur une baisse de l'inflation et sur un léger redémarrage du cycle de reconstitution don stocks.

Du côté du marché des changes, il ne faut pas trop espérer de facteurs favorables au redressement de l'économie européenne. L'appréciation de l'euro pèse sur la compétitivité de la zone. Même Si la parité devrait, pour l'ensemble de l'année 2003, être supérieur à 2002, les analystes anticipent un affaiblissement de l'euro au cours du second trimestre. Voilà qui ne laisse peu de portes ouvertes pour améliorer la croissance. Certaines possibilités subsistent et la plus évidente réside dans la politique monétaire. Les analystes estiment que la BCE devrait continuer à assouplir sa position en vue de permettre un redressement, même modeste. Certes, c'est un lieu commun de dire que les baisses des taux n'ont qu'un effet limité lorsque les niveaux sont déjà bas mais la BCE ne peut utiliser que les moyens dont elle dispose.

L'état des stocks constitue également un autre facteur susceptible d'accélérer la croissance de la zone euro. Il semblerait qu'un déstockage massif ait ramené le niveau des stocks à des niveaux considérablement bas. Toute augmentation de la demande devrait alors logiquement entraîner directement un accroissement de la production.

Dans ce contexte où les révisions des prévisions se font plutôt à la baisse, l'euphorie qui a accompagné la victoire de la coalition anglo-américaine en Irak a quasiment disparu, et les espoirs de reprise haussière des marchés européens se reportent surtout sur des perspectives économiques encore très incertaines. Ainsi, dans les semaines à venir, il est fort à parier que tous les yeux seront braqués sur les rapports d'activité trimestriels des entreprises dans l'espoir d'y voir les signaux d'amélioration, tant attendus.